Le retour du Jedi

Le retour du Jedi

Pecco remporte le GP de Jerez au terme d’une lutte héroïque, que dis-je ? Ho-mé-ri-que.
Il fallait être bien sanglé sur son canapé, agrippé au paquet de Doritos, binouze fraîche bien en pogne pour survivre à cette manche Andalouse.

Allez, on vous dit tout.

Binder, le Sprinter … Vous vous souvenez de Cavendish qui tordait le cadre de son vélo dans des sprints de folie ?  En Motogp, il y a Brad, et il ne fait pas le pit(re) . Sudaf’ de son état, il nous a fait une remontada au GP de Portimão qui a envoyé Madame Irma et Nostradamus chez Pôle Emploi.

Moi, la première course Sprint de la saison, j’ai cru que c’était une blague, Lekuona en baston avec Bradl et Nakagami !? Diiiiiiingue !  ( dixit Jacquouille in les visiteurs ).
Sérieusement, on vous aurait dit ça en janvier dernier, c’est comme si on vous annonçait la fusion de l’Aviron Bayonnais avec le BO ou Jean-Luc Lahaye en première partie du Hellfest. Et pourtant, il remporte la course sprint devant Pecco avec Miller sur la troisième marche du podium.

Je ne vais pas vous faire du Hemingway, mais Jerez est une fête, LA fête du Motogp. Hymne Espagnol entonné par un philarmonique. Carmelo, l’air grave, mains couvrant les parties, comme si on lui annonçait qu’il n’y avait plus de San Miguel et de chistorra. « La ostia de p..a madre ! ».

14h50… WARM-UP, ola dans les tribunes sous un soleil de plomb. L’atmosphère est survoltée. FEU VERT, Décollage des fusées… Les KTM boys, Pecco et Martin à bloc devant.  Derrière on se bouscule mais le virage 1 est avalé sans dégâts.
En un éclair, le ciel s’assombrit, coup de tonnerre, Fabio transformé en bocadillo au Serrano entre Bezecchi et Oliveira. Noooon…les 3 dégustent la minéralité du bac à graviers.  
Fait ch..r !  on était là, devant une assiette de tapas accompagnée d’un albariño frais et aromatique à souhait. Selon l’angle de prise de vue ou selon que l’on soit Frenchie ou pas, je vous laisse juger de la responsabilité de chacun dans cette funeste action. Moi je trouve que la punition est sévère pour Quarta qui se prend un long lap penalty.

Pourquoi pas 50 coups de fouet sur la pitlane ? Carmelo possède autant de mansuétude que de capillarité sur son crâne et le mien réunis. Merdum … patatras… drapeau rouge, ambulance et anxiété générale dans l’attente des nouvelles. Oliveira s’en sort avec une épaule luxée, il a autant de bol cette année que Pierre Richard dans la chèvre.

Sans dec, après le strike Argentin, pardon « steak Argentin » que Marquez lui sert, bien poivré et au gros sel. Y’a de quoi s’en remettre à un gourou non ?  et ben non, même au Guru grand prix il s’en recolle une dans cet encierro qui tourne vinaigre.

Panique à la DORNA,  Carmelo court comme un lièvre dans le faisceau des phares d’un 4X4 GMC. Faut ranger tout ce bordel, les gamins ont tout pulvérisé au virage 2, les air-fence à regonfler avec la pompe à pied du matelas pneumatique des dernières vacances à Benidorm.  Remettre du ruban adhésif sur les banderoles Sidi.  Avec cette chaleur, ce calvaire !

Grand Prix Guru by Gryfyn d’Espagne deuxième prise… ACTION ! :  Les fusées Starship partent en post-combustion pour 24 tours. De quoi foutre le seum à Melon Husk, le boss de Space X.  Surprise, Surprise, une fois de plus, Les Flying KTM font le spectacle suivies par les Ducati de Pecco et Martin. Je me suis régalé, du baston cinq étoiles sur trip advisor. Jack Miller en Australien bien rugueux montre qui c’est Raoul, mais pas que, Le bouillonnant Martin, chez lui, ne va pas laisser un Australopithèque lui bouffer le pata negra sans vergogne.

Pendant que Jack et Binder se tirent une bourre sauce Joe Bar Team, Pecco bourre son mousquet de poudre noire, l’œil rivé sur ses adversaires.  Nous y sommes, c’est l’heure du Risorgimento du prodige, Pecco va réaliser un chef-d’œuvre artistique beau comme une toile de Boticelli.
Là on se régale… avec la Burratta di Buffala fondante, Bagnaia nous sert un vin de Toscane alliant puissance et finesse, intensité et longueur en bouche. Miller en fait les frais, victime d’un dépassement viril de la Ducati officielle, il lève le bras en guise de protestation : « Godamn’ fucking hell ! »  Pecco s’excuse de la main : « mille scusi ! »     Mais ce dernier à déjà la KTM du leader Binder en ligne de mire.

La sanction tombe… Pecco doit laisser une position suite à son dépassement jugé trop testostéroné. Bagnaia, vous le croisez dans la rue, on dirait un étudiant en droit, souriant, propre sur lui, un gentilhomme en somme.  Le diable ne s’habille pas en Prada mais en Ducati Corse. Sous des allures de gentleman rider se cache un redoutable guerrier avec le circuit d’Assen tatoué sur le bras droit ! Le matin il boit le ristretto dans des culasses de Testastretta et le soir il fait cuire des cannellonis ricotta spinaci dans des carters de Desmosedici.  C’est un maestro de l’essorage de la poignée de gaz et Dottore en trajectoires.

Derrière, c’est le combat entre Espargaro et Martin, tous deux ont soif de champagne sur leurs terres. Pecco verrouille sa cible, la KTM de Binder, il va le passer à 5 tours de la fin et s’emparer du commandement. Calamitas pour Zarco qui venait de passer Espargaro, il va chuter après un freinage un tantinet à l’extérieur de la trajectoire. Week-end à oublier pour les Français avec une double peine infligée à Fabio, il se prend un deuxième long lap penalty parce qu’il n’a pas bien fait le premier. Moi j’aurais proposé une obligation de rentrer au box les yeux bandés avec des mines anti-char sur la pitlane.  Malgré tous ces vents contraires, il va finir 10 ème.

Pecco est talonné par la KTM de Binder dans le dernier tour, Jack ferme la marche .  Tournant dans le championnat, Bezzecchi chute et perd la tête du classement au profit de Pecco.
Moi, je me jette sur la livebox pour faire un reset pensant être devant la redif du Moto 3.

A noter la perf’ magistrale de Pedrosa, pilote d’essai chez KTM qui termine 7ème.  Porté sur les épaules de Miller sous les hourras du public Espagnol pour lui rendre un hommage bien mérité !  Congratulations Jack !  Ce Miller, il nous fait des stoppies de folie, plaisante à tout va dans le paddock.  C’est un pilote qui a des aspérités, qui anime le MotoGP, et nous on aime ça !
Maverick ne termine pas le GP… chaîne cassée au dernier tour !  le truc qui arrive une fois tous les 10 ans. De quoi prier la Santa Reparada et rejoindre Oliveira à Notre-Dame de Fatima pour conjurer le mauvais sort.

Impossible n’est pas Pecco.

Le tour d’honneur jubilatoire de Pecco en dit long sur l’euphorie de l’instant, un pur bonheur.  Il allume la mèche des tracas de Raffaello, l’artificier en chef venu de Valencia.
Tardozzi déchainé, exultant dans le box.

Petit rappel : Il fait 16ème  en Argentine et chute aux USA, ce qui donne encore plus de saveur à cette victoire Andalouse.
Après des essais en demi-teinte, le week-end de Jerez s’annonçait très compliqué. A le voir piloter et gérer la course, on comprend pourquoi il est champion du monde en titre, c’est la grande classe.
Au fait, devinez qui a la pole absolue du circuit et le meilleur tour en course, yep ! c’est Pecco.  Ces records datent de 2022 et restent inégalés à ce jour.   1’36.1700 qui dit mieux ? ils n’ont pas cassé le plancher des 1’37 cette année.

Vous savez à qui je pense… ben oui, les absents : Bestia, deuxième pilote officiel Ducati Corse, dont on annonçait une lutte fratricide avec son coéquipier,  il doit ronger son frein et Marquez… et Oliveira…

Cerise d’Itxassou sur le gâteau Basque, z’avez vu c’est qui qu’était dans le paddock ? si Señor, Vale himself !  Et on l’a même vu dans le box Ducati célébrer la victoire à grandes rasades de Manzanilla, le vin de corrida de Jerez.

Je vous le dis, cette saison 2023 c’est la quatrième dimension, tout est remis sur la table à chaque épreuve, atypique et magnifique.  

Vivement le GP de France, ce sera le 1000 ème de l’histoire des Grands Prix, si vous y voyez un gros Landais avec les yeux exorbités vêtu du body warmer DOC Pays Basque / Esprit Moto, ce sera sûrement moi.

A presto, Baci e Abracci a tutti !

Totofsky

Top 10:
1. Francesco Bagnaia (Ducati Lenovo Team)
2. Brad Binder (Red Bull KTM Factory Racing) +0.221
3. Jack Miller (Red Bull KTM Factory Racing) +1.119
4. Jorge Martin (Prima Pramac Racing) +1.942
5. Aleix Espargaro (Aprilia Racing) +4.760
6. Luca Marini (Mooney VR46 Racing Team) +6.329
7. Dani Pedrosa (Red Bull KTM Factory Racing) +6.371
8. Alex Marquez (Gresini Racing MotoGP) +14.952
9. Takaaki Nakagami (LCR Honda IDEMITSU) +15.692
10. Fabio Quartararo (Monster Energy Yamaha MotoGP) +15.846

Voilà de nouveau une aventure Gepetiste pas banale animée par les cadors de la competition moto mondiale, décrite par la plume d'un non moins cador du verbe à l'état cru sans besoin de sauce supplémentaire.
Merci Totofsky, j'ai vécu pour la deuxième fois l'histoire d'un dimanche en mime parfait.
Que Dieu bénisse ta pluma !

Tu es trop bon avec moi ! Merci beaucoup Ray, je pose un genou à terre devant celui qui envoie du gros gaz en Navarre avec une moto de ouf ‘

C'est un.plaisir de te lire !